Le terme de « sport » a pour racine le mot de vieux français desport qui signifie « divertissement, plaisir physique ou de l'esprit »1. Antérieurement il peut être rattaché au latin portus, comme dans transport, export, import, déporter, déport, etc., qui désignait simplement un port, un lieu de passage marin. En traversant la Manche, desport se mue en « sport » et évacue de son champ la notion générale de loisirs pour se concentrer sur les seules activités physiques et mentales. La langue allemande admet aussi le terme « sport » et sa définition anglaise en 1831 ; la France en fait usage pour la première fois dès 18282, mais à ce moment là il est essentiellement associé aux courses de chevaux et aux paris sur ces courses de chevaux (Cf. le journal Le Sport). La frontière entre jeux et sports n'est pourtant pas très claire. La Fédération française des échecs fondée en 1921 reçoit ainsi un agrément sportif du Ministère de la Jeunesse et des Sports en 2000, mais uniquement parce qu'elle était une fédération « associée » au CNOSF3. Certaines pratiques traditionnelles posent également problème : sport ou jeu ? La question reste encore ouverte. lire la suite...
La question de l'histoire du sport bute sur un débat qui oppose deux thèses.Pour un courant de pensée, le sport est un phénomène universel, qui a toujours existé et partout sous des formes très diverses. Ce serait un « invariant culturel » (selon les termes de Frédéric Baillette, enseignant et directeur de la revue Quasimodo). Cette thèse est notamment soutenue en 1991 par le médecin français Jean-Paul Escande (Les avatars du sport moderne, in Ardoino, Brohm, Anthropologie du sport, Perspectives critiques, 1991)6. Cette thèse est implicitement soutenue par ceux qui parlent de « sport antique », de « sport médiéval », etc. Le médiéviste américain Charles Homer Haskins est le premier historien à utiliser le terme de « sport » dans le cadre d'une étude portant sur le Moyen Âge dans son livre The Latin Litterature of Sport (1927). Au début du XXIe siècle, Wolfgang Decker (Institut d'Histoire du Sport de l'École Supérieure du Sport de Cologne) et Jean-Paul Thuillier (directeur du Département des Sciences de l'Antiquité à l'École normale supérieure) estiment que : « contrairement à ce que l'on estime souvent, le sport n'est pas né à Olympie, pas plus qu'il ne s'est éteint dans l'Attique ou le Péloponnèse. L'Égypte nous offre de nombreuses scènes sportives, entre autres de lutte, dès le IIIe millénaire avant notre ère, et les Romains, héritiers des Étrusques sur bien des points et en particulier dans ce domaine, ont peut-être créé le sport moderne, avec ses spectacles de masse, ses clubs puissants et ses enjeux financiers colossaux »7. . lire la suite...
Selon l'interprétation large de la notion, le sport est un phénomène universel dans le temps et dans l'espace humain, et, pour reprendre une maxime byzantine, « les peuples sans sport sont des peuples tristes »14. Nombre de phénomènes qui paraissent récents, accompagnent en fait l'histoire du sport depuis l'origine : du professionnalisme au dopage, des supporters aux problèmes d'arbitrage. La Grèce, Rome, Byzance, l'Occident médiéval puis moderne, mais aussi l'Amérique précolombienne ou l'Asie, donnent tous une importance au sport. Certaines périodes sont surtout marquées par des interdits concernant le sport, comme c'est le cas en Grande-Bretagne du Moyen Âge à l'époque Moderne. Interrogée sur la question, la Justice anglaise tranche ainsi en 1748 que le cricket n’est pas un jeu illégal15. Ce sport, comme tous les autres, figurait en effet sur des édits royaux d'interdiction régulièrement publiés par les monarques britanniques du XIe au XVe siècle. En 1477, la pratique d'un « jeu interdit » est ainsi passible de trois ans de prison16. Malgré l'interdit, la pratique perdure, nécessitant un rappel quasi permanent à la règle. lire la suite...